dimanche 4 octobre 2009

Le Graouilly, la légende


Il y a bien longtemps de cela, dans la cité messine, un dragon effroyable semait la terreur, l'épouvante et la mort.

On le voyait planer au crépuscule par delà les contrées mosellanes, rasant les toits des bourgades, ses ailes dentelées déployées, l'œil vif, rouge et brillant, prêt à fondre sur sa proie. Les habitants le nommèrent le Graoully, de l'allemand 'graulich', qui signifie terrifiant. Un reptile gigantesque
incapable de se déplacer sur terre tant ses
pattes étaient courtes, mais non dépourvues de griffes, un corps recouvert d'écailles vert-brun que nulle flèche et nul javelot ne pouvait transpercer. Ce monstre hideux s'offrait chaque soir en festin quelques habitants

imprudents. Il survolait la cité, faisant claquer au vent ses larges ailes ciselées, la gueule ouverte, prêt à saisir, entre ses puissantes mâchoires pourvues de deux rangées de crocs acérés, la chair d'un innocent promeneur.
Infaillible monstre que celui-là. Rien ne semblait pouvoir le vaincre. Les pointes d'acier et les armes du plus robuste métal se brisaient sur sa carapace comme de ridicules jouets en bois. Seule l'eau semblait inspirer à ce monstre quelque crainte... Au IIième siècle, Clément arriva de Rome pour apporter la Bonne Parole et l'Evangile en lieux et places de cultes impies. Cet homme d'Eglise, dont la renommée n’était plus à faire, accomplissait de nombreux prodiges. Ainsi, un jour qu’il priait sur les hauteurs de Gorze, l’empreinte de ses genoux resta gravée dans la pierre. Un autre, il ressuscita la fille d’un gouverneur. Il prêchait sur les places publiques et son auditoire était considérable. Néanmoins, les messins avaient toujours en tête ce Graoully qui décimait la population.

Un jour, un légionnaire alla trouver celui que l'on nommait désormais Saint Clément et lui dit en ces termes :

" Puisque tu fais des choses si merveilleuses, tu pourrais bien nous débarrasser du Graoully. "

Saint Clément, sensible aux désastres du monstre et au désarroi de la population, se rendit seul dès le lendemain matin auprès de la tanière du Graoully. Le monstre avait élu domicile dans un amphithéâtre romain abandonné depuis des années, et dont les pierres étaient infestées de serpents de toutes tailles et de tous venins. Saint Clément avançait lentement sans arme vers le repère du dragon sous le regard inquiet, éberlué et craintif de la population restée à l'écart. Soudain, les serpents se dispersèrent en sifflant horriblement, et le Graoully, immense, hideux, surgit de son trou, se dressant de toute sa hauteur devant Saint Clément, prêt à frapper.

Serein, Clément ne recula pas. Fixant froidement le Graoully dans les yeux, il tendit alors la main vers le monstre qui, surpris, parut hésiter longuement. Saint Clément jeta alors son étole au cou du dragon. L’étole s’accrocha aux écailles, et s’enroula autour de la gorge du Graoully. Saint Clément serra très fortement le nœud et traîna le gigantesque reptile jusqu'aux bords de la Seille, avant de le jeter tant bien que mal dans l'eau.

L'eau bouillonna longuement tandis que le Graoully tentait de se débattre. Il ne pu déployer ses ailes pour s'échapper et disparu dans les profondeurs du fleuve pour toujours.

Ainsi périt le monstre sanguinaire de la cité de Metz.


1 commentaire:

  1. Ayant quitté notre région natale, nous n'oublions de faire quelques articles "lorrains" sur notre blog dont un sur le Graoully !
    http://blogoth67.wordpress.com/2010/02/25/le-graoully/

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